Cet été, Jérémy du Club Stephen King et moi-même avons eu la joie et le privilège de visionner l'épisode pilote de la série The Dark Tower, commandée puis abandonnée par Amazon. Il va sans dire qu'un tel accès s'accompagnait d'un contrat de non divulgation d'extraits et d'images inédites, il sera donc inutile de nous en demander plus à ce sujet. En revanche il nous a été permis d'en parler et de réutiliser les photos officielles et nous allons essayer d'en décrire les détails n'ayant pas encore été abordés. Vous avez déjà pu découvrir la review du Club Stephen King qui revient en détail sur l'historique chaotique du projet et nous vous proposons une nouvelle vision qui s'attardera plus sur les scènes. Notre site étant spécialisé sur La Tour Sombre, je considère que les lecteurs connaissent déjà l'univers et qu'ils connaîtront les personnages évoqués et comprendront les références à sa mythologie. N'étant pas un vidéophile aguerri, je m'attarde simplement sur le ressenti en tant que fan de la saga et non sur la qualité audiovisuelle pure.
Commençons par briser le suspense : j'ai adoré ! Les précédentes interviews de Glen Mazzara laissaient déjà présager un énorme effort dans le respect de l'univers et des supports originaux (livres et bandes dessinées) et on peut effectivement constater que la fidélité était au centre des préoccupations du réalisateur. Bien évidemment, une telle adaptation ne pouvait pas se faire au mot et à la page près, le récit devant être accrocheur pour la télévision et abordable pour les néophytes. Mais malgré quelques ajustements narratifs, on n'a jamais le sentiment d'être face à une simple adaptation librement inspirée comme on a pu le voir avec le film de Nikolaj Arcel en 2017. La direction artistique et les idées sont parfois si audacieuses qu'on a du mal à comprendre ce qui a freiné Amazon (à part l'argent…) car on semblait tenir une série qui aurait pu capter un très large public.
Détaillons cet épisode scène par scène en dévoilant le moindre spoiler ! Le premier épisode dure 57 minutes et la version qui nous a été présentée était finalisée et prête à une diffusion potentielle (avec les effets spéciaux, la bande originale et les différents logos des producteurs avant et après l'épisode).
L'Homme en Noir fuyait à travers le désert et le Pistolero le suivait…
L'épisode s'ouvre sur la célèbre introduction "The man in black fled accross the desert and the gunslinger followed" qui dévoile le survol d'un désert rocailleux dans lequel avance un jeune Roland Deschain (Sam Strike) au regard déterminé, à califourchon sur un cheval blanc et vêtu de vêtements usés et poussiéreux à la manière des western des années 60-70. Il porte bien évidemment deux revolvers à la taille. La caméra tourne à 360° pour montrer l'étendu du désert Mohaine qui s'étend à perte de vue sous un ciel orageux qui semble déjà mettre le protagoniste dans une posture inconfortable. Quelques plans montrent la diversité de ce désert hostile avant que Roland ne pose pied à terre pour inspecter une trace de pas sur le sol. Il sursaute en entendant une voix menaçante qui l'interpelle dans une langue inconnue et on peut déjà deviner qu'il s'agit d'une incantation de l'Homme en noir, bien que celui-ci ne soit pas présent sur les lieux.
Alors qu'il campe de nuit, Roland observe dans le ciel un phénomène météorologique qui semble le surprendre autant que l'émerveiller : une sorte d'aurore boréale qui file à toute vitesse dans le ciel. Le lecteur peut deviner qu'il s'agit d'un Rayon, et la stupéfaction de Roland démontre que c'est un phénomène inédit à ses yeux. Puis le périple de Roland se poursuit en une succession de plans sans dialogue : d'abord dans une violente tempête de sable, puis sur la pente abrupte d'un canyon magnifique avant de le voir faire une pause pour boire quelques gouttes de sa gourde. C'est à ce moment qu'il aperçoit au loin une silhouette noire de dos qu'il met immédiatement en joue de son revolver. On observe plus en détail ce mystérieux personnage entièrement vêtu d'un costume noir qui, en se tournant lentement, dévoile une tête d'oiseau humanoïde particulièrement réussie (le lecteur reconnaît un Tahine). Il pousse un croassement en direction du Pistolero avant de disparaître derrière les rochers. Roland rengaine son arme et soupire, comme pour montrer qu'il n'est pas témoin de ce genre d'hallucination pour la première fois. Le voyage se poursuit dans des décors de plus en plus vides et blancs, preuve de la chaleur accablante qui s'en dégage. Il commence à chanceler, puis c'est finalement son cheval qui s'écroule sur le côté sur une étendue de terre craquelée. Avant de perdre connaissance, il revoit le visage de Marten Largecape, alias l'Homme en Noir (Jasper Pääkkönen) et celui de Gabrielle Deschain (Elaine Cassidy), sa mère, qui souffle à son esprit : "The world has moved on. Remember the face of your father" (Le monde a changé. Souviens-toi du visage de ton père, ndt). Le titre "The Dark Tower" apparaît alors sur fond noir suivi d'une inscription dans un alphabet inconnu. Glen Mazzara nous a révélé que cela signifiait "The Gunslinger" et que chaque épisode afficherait son titre dans ce langage inconnu (probablement du Haut-Parler) pour faire un clin d'œil aux fans les plus joueurs.
La majestueuse Gilead, capitale de la Baronnie de Nouvelle Canaan
Changement radical de décor après l'écran titre car nous survolons Gilead du point de vue d'un oiseau et là on découvre le travail gigantesque qui a été confié aux directeurs artistiques. La ville n'est ni moderne, ni moyenâgeuse, ni de style western : elle est tout ça à la fois ! Imaginez le cité de Minas Tirith du Seigneur des Anneaux, ajoutez-y des immeubles de style New-Yorkais, des quartiers industriels Anglais de l'époque victorienne et des bâtisses en bois et vous êtes devant Gilead. C'est une vision très audacieuse et pourtant extrêmement réussie à mon sens car en un seul plan, Glen Mazzara a su traduire un univers qui n'est pas une version ancestrale du nôtre mais bien un mélange de civilisations et d'époques familières. On imagine bien là un monde qui s'est reconstruit sur les ruines d'une civilisation ultra moderne qui s'est détruite dans les guerres nucléaires, des milliers d'années auparavant.
Abel Vanney (Daniel Fathers) avance en boitant avec une canne sur un terrain d'entrainement puis il retrouve Gabrielle Deschain au chevet d'un homme alité grièvement griffé au visage : l'instructeur Cort (Henrique Luiz Da Silva Costa Junior). Le lecteur peut deviner la cause de son coma et de ses blessures. Mais Gabrielle s'inquiète surtout de la disparition subite de son fils et du départ de son mari, Steven Deschain (Jerome Flynn), à Cressia, théâtre d'une bataille qui a eu lieu récemment. On le découvre d'ailleurs dans le plan suivant, explorant les ruines dévastées, en compagnie des Pistoleros Christopher Johns (Timothy Chipping) et Robert Allgood (Terrance Maynard). Les bâtiments sont en flammes et de nombreux cadavres d'hommes, femmes, enfants et animaux jonchent les débris, pendus ou massacrés devant des graffitis à l'effigie de l'œil du Roi Cramoisi. Une survivante reproche alors aux Pistoleros de n'avoir pas été là pour les secourir et on comprend qu'en plus de la disparition soudaine de Roland, le Royaume de Gilead doit faire face à une guerre contre un mystérieux ennemi du nom de John Farson.
On retrouve alors Roland, qui reprend ses esprits à l'arrière d'une charrette aux côtés du cadavre en décomposition de son cheval. Il tente d'attaquer le conducteur, Brown (Oberon K.A. Adjepong) avant de réaliser que celui-ci lui a sauvé la vie. Là aussi j'ai été assez bluffé par la direction artistique des décors post-apocalyptiques. Des éoliennes vieilles de plusieurs milliers d'années peinent à tourner dans un grincement incessant et la demeure de Brown est un vieux bunker crasseux et inquiétant, raffistolé avec des objets de récupération modernes et anciens. Bien sûr, Zoltan, son corbeau parlant apprivoisé était de la partie. Malgré l'hospitalité qu'il a accepté, Roland reste froid et méfiant dans ses échanges avec son hôte, tel qu'on pouvait se l'imaginer à la lecture. Il se confie malgré tout sur ses motivations, un bon prétexte pour dévoiler aux spectateurs son identité et ses motivations. Il avoue être un Pistolero (Brown ne le prend pas tout de suite au sérieux en raison de son jeune âge) et être à la poursuite d'un sorcier nommé Marten. Brown lui apprend que celui-ci est passé quelques jours auparavant et qu'il se rend dans la ville d'Hambry, mais ne parvient pas à s'expliquer pourquoi le souvenir de son visage ou de ses paroles lui semble si flou et lointain "comme dans un rêve". Il change alors de comportement, possédé par l'Homme en Noir qui nargue Roland : "Tu ne m'attraperas jamais car je te vois parfaitement. Je te retrouverai sur la Terre des Os, Pistolero" (Pourrait être traduit par "le Golgotha") avant de l'attaquer. Dans l'affrontement à mains nues, Brown oriente l'arme du Pistolero en direction de sa propre tête et périt dans une gerbe de sang qui éclabousse la caméra et choque Roland qui voit là sa première victime.
Des femmes déterminées
Retour à Gilead, où Steven Deschain nous apprend qu'un groupe de jeunes Pistoleros est parti à la recherche de Roland et nous les découvrons, galopant à travers le désert sur fond d'une musique épique aux airs de pop-rock du plus bel effet. Cuthbert Allgood (Khalil Madovi), Alain Johns (Frankie Fox), Jamie DeCurry (personnage féminisé sous les traits de Joanna McGibbon) et Aileen Ritter (Daisy Fairclough) arrivent au domicile de Brown pour y enquêter et découvrent rapidement le corps inerte de son habitant déjà dévoré par les mouches. Alain, doté du Shining, peut ressentir l'aura maléfique de l'Homme en Noir et Aileen aperçoit deux énormes rats mutants, dévorant le corbeau Zoltan, dont elle ironisera en disant à Cuthbert qu'elle n'a rien trouvé d'autre que quelques souris. Ils se remettent en route, tout comme Roland qui les devance de quelques kilomètres sur une route où il est dépassé par une vieille moto trafiquée.
Deux nouveaux personnages entrent alors en scène : la belle Susan Delgado (Joana Ribeiro) s'introduit dans la demeure de Rhéa du Cöos (Shobu Kapoor), une sorte d'atelier médical à l'ambiance malsaine encombré de nombreuses babioles ésotériques et d'animaux mutants. A la demande de Cordelia Delgado (Ana Padrao), la tante de Susan, la vieille femme ausculte la jeune fille nue sans ménagement en vue de prouver sa virginité avant d'être offerte au maire de la ville. La séance est interrompue par une vive lueur rose qui s'échappe de la pièce adjacente en un grondement menaçant puis reprend après que Susan se ravise de perturber la vieille femme dans son examen. Elle lui délivre alors un petit papier en chantonnant un air populaire : "We'll dance around the Charyou Tree" (Nous danserons autour du Charyou Tri, ndt) et laisse Susan s'enfuir en lui intimant la consigne de ne donner sa note qu'au maire en personne, qu'elle qualifie de "chanceux" devant la beauté de la jeune fille.
A Gilead, Gabrielle Deschain est plus déterminée que jamais à partir à la recherche de son fils. Elle déverrouille un coffre ancien au mécanisme surréaliste qui s'ouvre en dépliant lentement des tiroirs contenant différents revolvers. Elle se saisit de deux d'entre eux malgré les remontrances de Steven. Le vif échange qu'ils ont nous fait alors comprendre que le départ précipité de Roland est dû à sa découverte de la relation adultère de Gabrielle avec Marten Largecape, jusque-là sorcier au service de Steven. Il lui confisque les revolvers, la questionne sur ses sentiments pour le magicien, ce à quoi elle répond qu'elle a été ensorcelée. Visiblement chamboulé et ne semblant pas convaincu par ses justifications, il finit par l'enfermer dans ses appartements pour l'empêcher de partir à la recherche de leur fils.
Rencontre sous la Lune des Baisers
Roland et Susan se rencontrent finalement, sur une route sombre. La jeune fille est méfiante tandis que le jeune homme qui se présente sous le nom de Will Dearborn (mensonge qu'elle ne gobe pas même si elle n'en dit rien) fait preuve de beaucoup de galanterie. Il lui demande de l'aide pour trouver son chemin jusqu'à la ville et tous deux s'émerveillent devant le Rayon qui traverse le ciel en poursuivant leur chemin jusqu'à Hambry. Une fête locale a lieu dans la ville au style mexicain et les rues sont bondées de passants joyeux, affublés de déguisements et de de lanternes. Susan questionne Will-Roland sur sa présence en ville mais celui-ci reste évasif quant à ses intentions, hormis le fait qu'il recherche quelqu'un. "Peut-être que je le connais" le tise la jeune femme, "J'espère que non" lui répond le jeune homme. Un plan séquence magnifique dévoile alors l'arrivée de l'Homme en Noir en ville. Tandis que Susan et Roland progressent dans la foule dense dans une ruelle étroite, les passants sortent progressivement du champ de la caméra et font le silence à mesure que l'Homme en Noir traverse cette même ruelle sous les claquements de ses bottes. Une fois qu'il sort lui-même du champ, la population reprend possession de la scène et les clameurs reviennent. L'effet est magnifique et traduit parfaitement la menace fantôme que représente le magicien.
Le chemin de Will-Roland et Susan se sépare devant la taverne le Traveler's Rest (Le Repos du Voyageur en VF) et ils se saluent cordialement avant que Roland ne pénètre dans le saloon. Le style est là encore très familier, crasseux, dans la plus pure tradition des westerns spaghettis mais avec une touche de modernité, notamment par la musique rockabilly qui couvre le brouhaha ambiant. Le naïf Pistolero se fait déposséder de deux pièces d'or par une serveuse habile dans l'art d'embobiner les hommes en lui promettant un renseignement sur celui qu'il cherche qu'elle ne lui donnera finalement pas.
Règlements de compte à O.K. Corral
Dans la scène suivante, Susan est présentée au maire Hart Thorin (Ivan Kaye) qui se réjouit du certificat de virginité fourni par Rhéa du Cöos et pose un regard envieux sur la jeune fille visiblement mal à l'aise.
Roland endosse quant à lui son premier vrai rôle de héros au Traveler's Rest quant il se dresse contre Clay Reynolds (Aaron Heffernan) qui a décidé d'humilier publiquement le simplet Stanley Ruiz dit Sheemie (Igor Baksa) en lui intimant l'ordre de lécher ses bottes qu'il aurait souillées. La musique s'arrête, les clients se taisent et la scène fait la part belle aux deux cow-boys qui se provoquent comme dans tout bon film de western. Clay Reynolds, qui se vante d'être l'un des Grands Chasseurs du Cercueil, est visiblement redouté puisque tout le monde s'écarte de la scène alors qu'il tient tête à un Roland calme, déterminé et terriblement charismatique tandis qu'il dégage ses revolvers de sous son manteau. La tension monte quelques secondes et c'est Roland qui dégaine en premier, à toute vitesse. Une balle dans la main de Clay, l'autre dans le corps de son acolyte embusqué qui imaginait pouvoir le prendre par surprise. Et tout à coup, Roland n'est plus seul : ses compagnons Pistoleros l'ont retrouvé au bon moment et se joignent à la bataille. Cuthbert fait preuve de réflexes hors du commun en projetant un objet métallique à l'aide de son lance-pierre qui vient sonner Clay Reynolds d'un choc à la tête. Il n'en faut pas plus pour calmer les ardeurs des locaux et les Pistoleros enfin réunis se retrouvent à l'extérieur de la taverne pour entendre Cuthbert se vanter de sa précision (on le reconnait bien là !). Les Pistoleros pensent avoir accompli leur mission de récupération de Roland mais celui-ci refuse catégoriquement de quitter la ville avant d'avoir retrouvé Marten qu'il veut tuer pour rétablir l'honneur de sa famille. Ses compagnons offrent de l'aider dans sa quête de vengeance, ou comme Roland l'appelle, son désir de justice.
La scène devant la bar est festive autour d'un pantin en bois qui brûle sur un bûcher : le Charyou tri. L'ambiance avec la musique celtique m'a immédiatement fait penser à cette scène de fête populaire dans Retour vers le Futur 3, où les ZZ Top font une apparition. La foule fait une farandole et Susan saisit Will-Roland par la main pour se libérer de l'étreinte du maire Thorin qui ne voit pas d'un très bon œil l'amusement et les rires que le jeune couple échange.
Les prémonitions macabres de l'Homme en Noir
Gueule de bois au Traveler's Rest où l'ambiance tranche franchement avec la farandole qui a lieu à l'extérieur. Eldred Jonas (Michael Rooker), le chef des Grands Chasseurs du Cercueil, arrive et il n'est visiblement pas très satisfait de l'attitude de son bras droit Clay Reynolds alors que celui-ci éponge le sang qui coule de son front. Le pièce métallique qui l'a frappé roule sur le comptoir : c'est Marten qui l'a envoyé à Eldred en guise de salut et il commence à s'amuser de la scène à laquelle il a assisté. C'est la première fois que nous voyons le visage de l'Homme en Noir et laissez moi vous dire qu'il est franchement inquiétant. Il fait un peu penser à Bill Skarsgard qu'on a récemment vu interpréter Ça. Il est très froid et imperturbable et son apparence dénote avec celle classieuse et séduisante des précédents interprètes de l'Homme en Noir dans les adaptations du Fléau ou dans le film de Nikolaj Arcel sous les traits de Matthew McConnaughey. Après avoir volontairement envenimé les rapports entre les Pistoleros et les Grands Chasseurs du Cercueil, il tourne les talons, non sans jeter un regard intéressé en direction du discret Sheemie.
La fête bat son plein à l'extérieur et Roland s'en donne à cœur-joie lors d'une sorte de danse folklorique dont les livres nous avaient déjà appris qu'il était très friand. L'alchimie semble passer entre les deux jeunes gens qui sont à deux doigts d'échanger un baiser avant que Roland n'aperçoive enfin celui qu'il poursuit depuis des semaines. Il délaisse en un instant sa partenaire de danse pour se lancer à la poursuite du magicien dans les rues sombres et brumeuses d'Hambry où les Grands Chasseurs du Cercueil et les Pistoleros lui emboîtent le pas. La tension monte et les premiers coups de feu retentissent. Roland se fait submerger par les voix provenant de son ennemi et il tire sur une silhouette qui s'avère être celle… de sa mère. Elle s'écroule au sol avant qu'il constate avec soulagement que son apparence n'était que le fruit d'une nouvelle hallucination causée par Marten et qu'il s'agit en fait de Clay Reynolds qui gît sur le sol. C'est sur des prémonitions de l'Homme en Noir glissées à l'oreille de Roland que s'achève l'épisode : "You are ka-mai, Roland Deschain. Ka's fool. And you will kill everything and everyone you love" (Tu es l'idiot du Ka, Roland Deschain, et tu tueras tout et tous ceux que tu aimes, ndt). Retour à l'écran titre "The Dark Tower" et fin de l'épisode sur cet avertissement.
En conclusion
Merci d'avoir lu ce très long résumé. Ça a été compliqué de le résumer car je voulais vous fournir la vision la plus exhaustive possible de ce superbe épisode que nous ne découvrirons malheureusement jamais à la télévision. Comme je le disais au début de l'article, j'ai vraiment adoré cette vision qui surpasse en tout point celle qui nous a été donnée en 2017 par Nikolaj Arcel. On sent clairement que Glen Mazzara a compris la déception des fans lors de la sortie du film et qu'il avait la volonté de se rapprocher au plus près du matériau de base. Le choix de commencer l'histoire par son ordre chronologique est de ce fait la meilleure solution possible, car elle permet d'introduire cet univers atypique aux spectateurs novices sans les embrouiller tout en posant les bases de se qui aurait pu s'étendre sur de nombreuses saisons. Alors certes, quelques libertés ont été prises : Roland part à Hambry de son propre chef et non sur les ordres de son père, les Pistoleros sont renforcés par la présence de Jamie DeCurry et Aïleen Ritter (personnage développé par Robin Furth dans l'adaptation en Comics) et Roland croise la route de Marten bien plus tôt dans sa quête, mais globalement le tout est très cohérent et tend à renforcer l'intérêt pour le spectateur.
D'un point de vue visuel, c'est un sans faute en ce qui me concerne. Les décors traduisent bien cette époque étrange à mi chemin entre le western-médiéval et le post-apocalyptique et le tout fourmille de détails destinés aux fans inconditionnels. Rien ne semble avoir été laissé au hasard et je suis sûr qu'on aurait pu découvrir une multitude de clins d'œil à l'œuvre de Stephen King par la suite. La bande son est très audacieuse et originale ! Alors qu'on aurait pu s'attendre à des compositions épiques à la Seigneur des Anneaux, on nous offre là un habile mélange de modernité mixé avec des thèmes plus classiques (de la musique de western teintée de guitares électrique, un saloon jouant du rockabilly, du punk-rock dans un bal de village…). C'est évidemment le point qui sera le plus difficile à décrire à l'écrit, mais croyez-moi que l'impression était à la fois surprenante et en même temps parfaitement cohérente avec une univers si atypique.
Les comédiens sont pour la plupart inconnus et c'était plutôt une bonne décision, afin de rendre l'expérience vraiment inédite. Sam Strike est clairement le Pistolero qu'il nous fallait ! Très crédible dans son jeu assez sobre, il dépeignait bien la froideur et Roland, tout en nous le montrant sous un visage plus enjoué lorsqu'il rencontre Susan. Un nouveau comédien plus âgé était envisagé à partir de la saison 4 qui reprendrait les événements de Le Pistolero. Joana Ribeiro, qui incarne justement la jeune fille, est parfaite. Le personnage n'est pas sexualisé comme cela peut être le cas dans les productions modernes. Elle reste très belle, sans pour autant crouler sous une tonne d'artifices censés la rendre plus attractive. En tout cas l'alchimie entre les deux comédiens semblait bien passer. Le personnage de Gabrielle Deschain est lui un peu modifié car elle prend un peu plus d'importance dans le récit en devenant plus forte et moins passive comme on a pu la découvrir dans les livres. Ce choix semblait logique puisqu'elle devait marquer le point culminant de la saison 2 au moment où elle périt tragiquement comme Glen Mazzara le dévoilait.
Le tout donne clairement l'impression d'un récit maîtrisé qui commençait à disséminer des pistes sur la suite des aventures (les prémonitions de Marten, la chanson Charyou Tri à l'intention de Susan, le Rayon qui traverse le ciel, la déclaration de guerre de John Farson, L'Homme en Noir qui perçoit le potentiel de Sheemie, etc…). Cette interview de Glen Mazzara nous en apprenait d'ailleurs plus sur la suite du projet avorté et nous découvrions que l'intégralité de la saga serait racontée sur plusieurs saisons. Bref. À la fin de l'épisode, on aimerait pouvoir cliquer sur "Lancer l'épisode suivant", mais il faudra malheureusement se faire une raison : cette série ne verra jamais le jour (Glen Mazzara nous a confirmé que le projet était mort et enterré, notamment pour des questions de droits perdus suite à l'abandon d'Amazon). Il n'en reste pas moins que ce pilote est la preuve qu'une adaptation peut s'avérer prometteuse si elle est produite avec sérieux et avec considération du matériau de base et de ses nombreux fans. Parions que dans 10, 15 ou 20 ans, quand toutes les adaptations de Stephen King auront été faites et refaites et que les studios demanderont du nouveau "King" à projeter sur les écrans, je ne serai pas surpris de voir La Tour Sombre renaître de ses cendres. Espérons simplement que ce jour-là, elle tombera entre les mains de personnes aussi impliquées et connaisseuses que Glen Mazzara et son équipe et non d'opportunistes qui ne sauront pas retranscrire la richesse d'un monde qui nous est si cher.
N'hésitez pas à poser toutes vos questions ! J'y répondrai jusque dans les moindre détails !
DannyTo a écrit le Lundi 6 septembre 2021 à 10h33
Merci pour ton résumé et ton ressenti !
Je suis toujours déçu d'Amazon concernant l'annulation de la série et encore plus maintenant après avoir lu ce résumé. Effectivement, je suis du même avis, le projet de Glen Mazzara sentait vraiment très bon pour nous, les fans de la Tour Sombre après la déception que fût le film.
Mes questions sont : pourquoi un tel cadeau ( le visionnage de l'épisode) de la part d'Amazon ?
Est ce qu'il y a un rapport avec les rumeurs comme quoi le projet de la Tour Sombre serait toujours d'actualité ? ?
GREG a écrit le Lundi 6 septembre 2021 à 11h53
Rien de tout ça, le réalisateur est simplement une personne ouverte et très fière de son travail sur ce pilote. Il l'a partagé de fan à fan avec la consigne stricte de ne pas le faire fuiter.
Guigs a écrit le Lundi 6 septembre 2021 à 12h26
Il n'y a donc aucun espoir que ce projet renaisse de ses cendres. C'est encore un rendez vous manqué comme le fut le film et les projets d'adaptation précédents. Quel dommage. Et merci à vous pour ce partage d'impressions.
fredjjg a écrit le Vendredi 1 octobre 2021 à 17h48
merci beaucoup pour ce partage. C'est vraiment dommage de la part d'Amazon... Bravo au realisateur pour son engagement et le respect des livres. Mais quand meme, que de regrets....